Nasir78'World

Blue Sky Black Death- The Holocaust

Le vent soulève quelques papiers et débris qui virevoltent dans les rues désertes. Quelques carcasses de véhicules calcinés parsemés ici et là. Immeubles à moitiés détruits, soufflés, comme des maisons de poupées à qui on aurait ôté le toit. Le ciel noir interdit tout rayon de soleil.

Au volant d’une jeep, je circule dans les rues mortes, roulant doucement pour éviter les obstacles.

Sans plus faire attention au paysage apocalyptique qui défile sous mes yeux, je tire de sous mon siège une gourde et me désaltère d’un whisky amer. Voilà ce qu’on récolter les Hommes, à jouer avec la Bombe H…

Après une heure de route, je stoppe mon véhicule, attrape mon fusil et le met en bandoulière. Pause déjeuner. Peu importe l’heure qu’il est.

Je m’installe au bord du trottoir d’une avenue détruite, m’assoit et entreprend de mastiquer deux sandwichs sans gout. Comme tous les jours dès que j’ai un moment de détente, j’allume mon mp3 (fidèle et indestructible compagnon qui a survécu à la Catastrophe) et me coiffe de mon BeatByDre.

Et comme à chaque fois, j’entame l’écoute de « Blue Sky Black Death : The Holocaust ».

C’est l’album qui résume le mien mon état d’esprit : Nostalgie, mélancolie, musicalité.

Alors que résonne les première notes de « Plunder », le morceau d’ouverture, cette petite voix mélancolique qui revient, ces notes obsédantes de piano, je repense au jour où tout a basculé, ou tout a implosé. Un jour comme un autre où je zonais sur 2K. Envolé, tout ça.

« Twilight Zone » aux relents mystiques et son piano de fond, vient d’ailleurs, pas de doute. Explosions musicales dans mes oreilles. « We all are well known » poursuit sur sa lancée mystifiante et son appel de corne au loin, comme une sirène mélodieuse, qui avertit d’un danger imminent..

Alors que The Holocaust couche des lyrics dans son délire, parlant d’apocalypse, de. Portes défoncées, et j’en pense.

« What Can the matter be » s’ouvre sur un aiguisement de couteau, et la prod est au poil, douce et posée, mais au combien soignée. Le MC y déverse tout ce qu’il peut, sans répit.

« God Be with You » Pardon, mais je n’y crois pas, sinon, il n’y aurait pas eu tout ça. En tout cas, le morceau glisse tout seul, je ferme les yeux un instant et me laisse transporter, avant d’enlever mon casque précipitamment, dans la certitude d’avoir entendu quelque chose...

Mais non, rien que le vent... Sûrement pas un appel du ciel.

Je finis mon maigre et insipide repas et reprend le volant de ma Jeep, le son coulant toujours dans mes oreilles. « Monarchs » éveille mon attention par une prod faite de guitare et de coups de feu occasionnels, tout à fait ce dont j’ai besoin pour aiguiser mes nerfs.

« No Image » et ses 6 minutes, sa prod mystique m’emporte loin, au temps de l’Egypte ancienne presque, alors que la voix de The Holocaust kick du pur HH, et le hook discret et mélancolique apporte une touche unique à ce somptueux morceau.

Je fais un détour car un camion-citerne renversé me barre la route. Par grave, j’ai le temps de prendre un autre chemin, alors qu’une pluie fine et probablement radioactive se met à tomber.

« The Ocean »... Il y a bien longtemps que j’en rêve, d’une mer bleue et non polluée... De plages immaculées et non de cimetières de cadavre sur sable suffoquant. La prod l’a bien compris, et s’avère angoissante et pessimiste. Et ce n’est pas de la part du MC que j’aurais un peu de réconfort.

Idée de génie, par contre, cette vague qui s’écrase à la fin du morceau, souvenir furtif de ce que le passé fut…

« Sinister »… Oui, Sinistre, c’est le mot. Prod bien mélodieuse, dans la même couleur musicale que les autres morceaux.

« Smoking Room » débute par une guitare furtive et se poursuit sur une mélodie au piano du plus bel effet, tandis que Holocaust déboite, comme à chaque track. J’éternue, me mouche et j’ai une pensée nostalgique pour le HH, aujourd’hui disparu, tué non pas par le formatage radio, mais par manque d’auditeurs.

J’essuie une larme qui se mêle à la pluie.

« Lady of the birds », la plus courte piste de l’album, se révèle douce, avec son piano mélancolique, et introduit le sublime « The Worst » toujours au piano, sa voix samplée, son ambiance de fin du monde, sa noirceur et son MC égal à lui-même.

« Killer Moth » court et efficace, sombre et avec sa voix mystique ; « Wing to wingfeather » poursuit dans cette ambiance épique et semi-tragique, toujours d’une musicalité délicieuse...

« Crash », son rythme lent m’endort légèrement, je suis épuisé... Et c’est trop tard que je régis, Je ne vois le camion au coin de la rue, et ses poutres acérées qui dépassent... Le choc est ultra-violent : je suis projeté en avant, alors que dans mon beats, tel une porte qui grince, le beat du morceau m’évoque le rictus du sourire de la Mort, ravie d’avoir une nouvelle proie...

Je suis transpercé de toutes parts, mais je ne sens déjà plus rien. Ma chair s’ouvre sous les pointes qui m’ouvrent comme un fruit trop mûr ; mais ce n’est pas douloureux. Je me sens partir loin, loin, sans douleur, mon esprit s’envole alors que se joue les dernières secondes de « Crash »...

 

450 ans plus tard, une poignéesde gosses aux visages déformés par les radiations trouveront mon squelette, mon beat tombé à terre, mon mp3 éteint. Ils finiront par l’allumer, et l’un portera mon casque à ses oreilles pointues, et découvrira alors, sans trop comprendre, ce que le mot Chef d’œuvre HH voulait dire…

 

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